Arrêter de fumer, c'est dur et ça fait vraiment peur - davantage encore que le risque de tomber malade. Pour une personne qui n'a jamais fumé cela peut paraître incroyable mais c'est comme ça. Et tant que tu n'auras pas compris la force terrifiante de sa dépendance, tu ne pourras pas aider ton père.
Demande-lui s'il n'a jamais eu envie d'arrêter, je suis certain qu'il y a déjà pensé. Et s'il ne l'a toujours pas tenté, c'est qu'il est convaincu d'en être incapable. Invite-le à te parler de ses peurs : pas celle de tomber malade, mais celle de manquer de cigarettes, celle de faire face à tout ce vide impossible à combler. S'il peut se libérer de toute cette angoisse et de la honte et la culpabilité qu'elle provoque, il pourra peut-être assumer une véritable envie de ne plus fumer.
D'une manière générale, n'essaie pas de le convaincre en brandissant les arguments habituels (coût, santé, gêne pour l'entourage, etc.). Ils n'auront jamais autant de force et d'immédiateté que ses propres peurs. Par contre, invite-le à repenser à cet épisode de détresse respiratoire dont tu parles. Il s'en souvient forcément. Et fais-lui prendre conscience du nombre de fois qu'il tousse en une soirée ou une nuit. Mais avant toute chose, écoute-le ; et montre-lui que tu ne cherches qu'à le comprendre. Il faut qu'il sache que tu acceptes sa dépendance, c'est le seul moyen pour qu'il puisse l'accepter lui-même...
Et rappelle-toi qu'il n'y a que lui, et lui seul, qui pourra se forcer à arrêter un jour.
Une dernière chose : quand il t'aura parlé un peu de sa peur du manque, dis-lui de ma part qu'il est possible d'arrêter de fumer sans que ce soit une épreuve de force. Je l'ai fait. Et je fumais 2 paquets par jour depuis plus de 25 ans. Dis-lui de ma part qu'arrêter de fumer est en fait plus qu'une libération, presque une deuxième naissance.